mardi 2 août 2016

Jour 3 - Meglisalp - Widderalp - Bollenwees

Le chant des clochettes s'est fait entendre dès 4AM. Les vaches sont déjà en libertés pour brouter l'herbe des alentours. Elles ne vont pas bien loin et c'est pour cette raison que l'on va les entendre jusqu'à l'heure du départ. C'est le réveil matin du montagnard.

Parlant de cloches, je ne parle pas d’idiots mais de celles au cou des animaux. Saviez-vous que les cloches font partie de la culture des alpages Suisse depuis des centaines d'années. Tout comme les cloches d'églises, d'ailleurs. Depuis quelques temps, certains militants demandent de retirer les cloches au cou des animaux. Il y a maintenant certains villages où les cloches sont interdites. Les militants essaient de démontrer l'effet négatif sur les bêtes. Le son des grosses cloches peut-il endommager l'ouïe des bêtes, les lourdes cloches peuvent-elles endommager le cou des bêtes ou tout simplement empêcher les bêtes d'atteindre leur nourriture ? Il reste que beaucoup de bêtes comme les vaches et les chèvres portent de moins en moins les cloches. Pour vous montrer le charme en montagne, j'ajouterai quelques vidéos HD à mon retour. 


Ce matin, lever à 6h00 et j'en ai profité pour rédiger le texte d'hier. La connexion au réseau cellulaire étant aléatoire en montagne, les textes sont publiés suivant la disponibilité du réseau. 

Le temps était couvert et la brume épaisse demeurait dans l'air ambiant. De temps en temps, des éclaircies se frayaient un chemin le temps d'un coup de vent. 

À 9h, je vais réveiller mon guide de montagne. La veille dame viendra me joindre pour le petit déjeuner vers 10h. Nous n'aurons que les restes étant donné que plusieurs quittent tôt pour leur randonnée. 

Au déjeuner, un local se joint à nous. En lui spécifiant que je venais du Canada pour voir les montagnes Suisse, lui arrivait de Vancouver où il a participé à une compétition de MTB. Il adore les Rocky Mountains et moi, les Alpes. Ce matin, il a fait la montée de Wasserauen pour venir prendre son café à Meglisalp, pour redescendre aussitôt et retourner à la maison. Une façon différente d'aller prendre son café au coin de la rue. Fait à noter, il s'agit d'une ascension de plus de 800 mètres sur quelques 8 ou 9 km qu'il a fait en moins 1h20. Avant de quitter, il m'avise des trois règles d'Appenzell en montagne : ne jamais prendre de raccourcis, ne jamais courir, et arrêter manger dans tous les restaurants de montagne sur sa route. La vieille dame ajoute, toujours avoir des bâtons de randonnée. 

Un peu avant midi, le Santis est toujours sous un couvert nuageux grisonnant. Et ce manteau de ouates grisâtre y restera toute la journée. Après avoir demandé conseils sur la montée vers le Santis et suivant quelques avis différents, le choix doit se faire selon deux options. Monter le Santis dans la brume et risquer des orages (peut-être même violents), ou redescendre vers Appenzell pour joindre Tierwis par le téléphérique. Puisque je trouve plus facile de monter que de descendre, je prends la décision de redescendre, façon de dire. 

Le sentier de la veille étant trop vertigineux, et est rendu glissant par les pluies de la nuit. Il faut faire un choix et les deux options montent. La première est de faire la montée vers le Santis dans la brume dense. Option éliminer. Le risque d'orage est constant et l'on ne verra rien. Bonne décision puisque le Santis comme tous les hauts sommets autour sont restés dans la brume toute la journée. 

L'option retenue est la descente vers Brulisau, prendre le bus, le train, et le bus pour se rendre au pied du téléphérique du Santis. Simple, mais très long. Pour éviter la montée vertigineuse du sentier de la veille, l'autre et seule option est de monter beaucoup plus haut, traverser la chaîne de montagne, redescendre par la vallée voisine, remonter une autre chaîne, descendre, marcher, marcher, attraper le dernier bus à 17h21, et se rendre au pied du Santis pour monter dormir à Tierwis. 

La route de la seconde option est beaucoup plus longue et le temps risque de manquer puisque nous avons quitté Meglisalp un peu avant 12h00 dû à la température. En quittant Meglisalp, il faut déjà faire l'ascension au Botzel à 1900 mètres, redescendre dans une vallée et remonter au Widderalpsattel à 1856 mètres. Ça c'était la partie facile. Comment ? Parce que monter, c'est plus facile pour moi. 







La partie la plus longue sur ce sentier est la descente. Primo parce que la descente est toujours plus difficile pour les genoux. Secondo, certains endroits présentent soit une pente abrupte, soit une descente dans des galets instables. Tertio, ce sentier est le sentier utilisé par les alpages, donc la route pour le transit des bêtes. Ce sentier est donc couvert de fumiers et d'excréments d'autres bêtes. Traduction, c'est glissant comme de la merde. Puisque je n'ai pas d'ABS sous mes semelles, vous comprenez maintenant l'utilité des bâtons de randonnée. 

300 mètres plus bas se trouve le refuge Widderalp. Le temps de la descente et la brume se dissipera. 


Durant la descente entre Widderalpsattel et le refuge de Widderalp à 1604 mètres, j'ai trouvé mon troupeau de chèvres. Elles ne sont vraiment pas sauvages et se laissent prendre au jeu de ma caméra GoPro tout grand sourire. À voir après mon retour à la maison. 




Le premier refuge croisé est le Widderalp à 1604 mètres. Règle #3, arrêt pour boire du cidre. La brume se retire et l'on voit le lac Samtiersee plus de 300 mètres plus bas. Il faudra encore descendre dans la merde et une pente abrupte. 



Il est 15h lorsque l'on arrive à une intersection. Il faut revoir le plan. Puisque le dernier autobus est à 17h21 et qu'il reste encore plus de 2h30 de randonnée à faire incluant un autre sommet, il faut prendre une décision. Mon guide décide d'annuler la nuitée à Tierwis et de trouver une solution de rechange. Il faut donc trouver un refuge avec lequel nous pouvons espérer avoir encore de la disponibilité. Sinon, nous pouvons toujours redescendre vers Appenzell, mais il faudra se débrouiller sans bus ni train. 


Le refuge Bollenwees situé à 1471 mètres confirme qu'il y a de la disponibilité, en autant que l'on n'arrive pas trop tard. Le souper est généralement servi vers 18h. Nous devrons donc remonter encore un autre 100 mètres pour rejoindre ce refuge situé sur le lac Fahlensee. La montée se fera le long d'une falaise rocheuse imposante en 30 minutes.




Le ciel étant toujours nuageux et brumeux, le choix d'aller à Tierwis n'aurait pas permis de voir les alentours, et encore moins les festivités du 1er août plus en bas dans la vallée. Les festivités de la fête nationale de la Suisse ont été vécues à cet endroit isolé au creux d'une vallée avec des sommets de plus de 2000 mètres. 


En montagne, tous les refuges allument un feu pour être vu de loin et les familles apportent des feux d'artifices de toutes sortes qu'ils allument dans un désordre fou pendant qu'une majorité s'installe autour du feu. Vers 22h30, le calme est revenu et certains retournent à leurs jeux de société en cours depuis la fin du souper. 




Moment magique à 1AM, le ciel étoilé dans la noirceur totale. Ma caméra de poche n'ayant pas la capacité d'enregistrer ce souvenir, je ne peux l'ajouter ici. 

Demain, il restera quelques 8 à 9km à faire pour rejoindre la civilisation. Il faudra encore faire une dernière montée avant de sortir de l'Alpstein. Détour à faire absolument pour les amoureux de la randonnée.




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