samedi 6 août 2016

Jour 8 - Passo dello Stelvio - Livigno

Dès le réveil, je vérifie les webcams au Stelvio. La neige a tenu toute la nuit, normal, il fait encore -6C au levé. Le sentier est encore sous les traces de neige. De toute façon, je monte.


Pour épargner l'énergie à la montée, SwissTrails suggère fortement d'emprunter le CarPostal qui permet de joindre le sommet en 45 minutes au lieu de 3hrs. À partir de Val Mustair, il s'agit d'une montée de 20km sur plus de 1300 mètres de dénivelé. Puisque le défi avait déjà été accompli en 2014 pour ma part, je saute dans le seul bus qui monte de la journée. Il faut réserver sa place sinon, il faut monter en selle. Moi, j'avais déjà prévu le coup, en avril. Vaut mieux trop tôt que trop tard. 

Je quitte l'hôtel vers 8h30 et je prends la route du col pour sortir un peu du village et avoir une vue que je n'ai pas eu la veille sous la pluie, et je redescends à l'arrêt d'autobus.


Je m'y installe à 8h50. Le bus est à 9h20 et le guichet pour acheter le billet ouvre à 9h00. J'ai le temps d'échanger avec un autre vététiste qui lui vient d'Allemagne et monte faire une partie de la route que j'ai planifié. Il ne voyait aucun problème que je l'accompagne, sauf que moi, je voulais monter au point le plus haut au Stelvio. Lui, il avait une inquiétude à ne pas manquer le bus de 14h40 à Bormio qui le ramène à Val Mustair. Donc je pourrais être un boulet pour lui, moi qui arrête pour les photos. Lui, il connait le coin et ne monte qu'avec un vélo, aucun sac, et 500ml d'eau. 

Plus l'arrivée du bus est éminente, plus il y a des vététistes de tous gabarits et de tous âges. Normalement, les vélos sont accrochés verticalement derrière le bus, il n'y a de la place que pour 5 vélos. Ce coup-ci, le bus traîne une remorque avec des supports verticaux. Intelligent. Nous serons plus d'une quinzaine à monter et je serai le seul habillé chaudement.


L'ascension est impressionnante par la montée très pentue. Le bus tourne les virages en épingles le nez dans le vide. Le chauffeur doit s'assurer que la remorque suit. La route est à peine plus large que le bus. Lorsqu'il rencontre, les voitures doivent reculer pour libérer la route. 




Plus ça monte, plus la neige en hauteur est présente. Ça s'annonce mal. À mes côtés, un autre allemand. Lui, c'est sa première visite au Stelvio. Il est avec deux amis de Zurich. J'échange quelques infos avec eux à savoir les conditions des sentiers. Eux, certainement des experts, me disent que même avec de la neige, il n'y a pas de problèmes pour rouler. Mon petit doigt me dit qu'avec de la neige, je ne prends pas de chances. 

Presqu'arrivé au sommet, un des sentiers que l'un d'eux me suggère se démarque dans la neige. On peut voir le zigzag qui descend dans une pente très abrupte. Mon petit doigt me dit encore que ce ne sera pas pour moi aujourd'hui.


Tout juste avant d'arriver en haut, incroyable. Il y a deux femmes et un homme qui montent le col en ski de fond. En ski à roulette. La montée à partir de Bormio est de plus de 15km avec une pente moyenne de plus de 8% avec des pointes de 16%. Même le bus avait de la misère à passer devant.


Arrivé au Passo dello Stelvio, le premier vététiste rencontré à l'arrêt de bus part en vitesse. Il ne veut pas manquer son bus à Bormio. Il me salue et file à vive allure. Mes voisins de bus me serrent la main et eux aussi filent en vitesse. Moi, je monte un peu plus haut en vélo à l'hôtel Albergo Tibet. Il fait très froid et c'est très glacé. Le centre de ski, beaucoup plus haut, est ouvert à l'année et beaucoup de skieurs y montent en téléphérique. Photos et je redescend au col. 




Je sécurise mon vélo et part faire les mêmes photos qu'en 2014. J'en profite également pour monter, à pied, au sommet du Piz da las Trais Linguas à 2845 mètres. Il s'agit d'un petit refuge exactement sur la frontière Suisse-Italie. Pour les besoins de la photo suivant, j'ai retiré ma veste, il faisait encore sous zéro.





Sur la montée du Trais Linguas, je croise deux couples de touristes de Londres. Ils me demandent combien de temps j'ai mis pour atteindre le Stelvio en vélo. Je leur réponds 45 minutes. Ils sont stupéfaits, mais j'ajoute que c'est en bus. Par contre, je leur confirme que ça prend au moins 3hrs par Pratto dello Stelvio en vélo de route pour un gars de mon gabarit (lire qu'un cycliste du Giro le ferait en moins d'une heure). Photos et descente lentement. Mes souliers avec clips SPD ne sont pas adaptés à une descente abrupte, accidentée, enneigée et glacée par endroits.




Voici le début du sentier en zigzag vu plus tôt. Il y en a des moins frileux que moi pour descendre en vélo à partir d'ici.




En descendant, je vois deux cyclistes de l'équipe Thinkoff Saxo qui montent le Stelvio comme si je le descendais. Incroyable. 


Au sommet du Stelvio, c'est le seul endroit pour acheter un souvenir de son passage. Au revoir Stelvio, j'espère bien te revoir sous un soleil radieux.


Je redescends donc vers le sommet du Passo Umbrail sur mon vélo. L'air est glacial et c'est très venteux. Vous remarquerez que vers Livigno à l'ouest, le ciel se dégage. Vers l'est, il est encore gris et le mauvais temps est en quelques sortes retenu par la chaîne de montagnes. 

Le Passo Umbrail est à la limite de la frontière Suisse-Italie. Cette enseigne marque également le début du sentier de 43km au programme de la journée. Les 4 gars rencontrés dans le bus l'on emprunté, il y a déjà une heure de cela. 


Je me lance à l'assaut de la montée de quelques 300 mètres et je m'efforce de demeurer sur le sentier. Le vent souffle par rafale et je m'assure de mettre le pied du bon côté pour éviter la chute comme la vieille dame quelques jours plus tôt. La différence ici, il n'y a pas d'arbres ou obstacles pour arrêter la chute. 







J'ai donc fait plus de 100 mètres de montée avant de décider de revenir sur mes pas. Le vent est trop violent et je veux me rendre à Livigno sur mes deux jambes (lire deux roues). Certainement une sage décision parce que seul, je ne suis pas assez aventureux pour risquer même une banale chute. De plus, il y a aucun signal cellulaire dans ce coin, j'étais donc isolé jusqu'à mon arrivée à Livigno. Autant sur ma montée que sur ma descente de cette portion, j'ai rencontré personne. Normal, ceux à bord du seul bus avaient déjà quitté il y a plus d'une heure.

Le cycliste de route en moi a décidé de prendre quelques détours pour joindre le col du Passo dello Stelvio, mais cette fois la face Est qui mène à Bormio. En 2014, la neige m'avait empêché de le descendre. Cette fois-ci, je redescends dans la vallée par les sentiers jusqu'à la route du col beaucoup plus bas. Toute la descente à partir du sommet du Stelvio est enregistrée sur GoPro, incluant ce col. Magnifique et impressionnant de voir l'ingéniosité du génie civil ici. À voir en HD à mon retour.




Tout le long de la descente, les freins à disques sont fortement sollicités et ça sent même le brûlé quand j'arrête. Une chance que j'ai fait remplacer les freins et les pneus. 

Une fois à Bormio, puisque ma route s'est rallongée et qu'il y a deux cols à plus de 2200 mètres à monter, je me cherche une Ferrari pour faire la route, beaucoup plus facile qu'en MTB. 


Je fini par en trouver une, mais son propriétaire ne me laisse pas les clés. Lui, il va monter le Stelvio. Vous vous rappeler en 2014, j'avais écrit qu'une Ferrari était certainement la meilleure voiture pour faire ce col, en voici la preuve. Un vélo Colnago Ferrari V1-R.


Toujours est-il que je visite Bormio à vélo. Je trouve un endroit pour un sandwich et en passant devant la petite gare d'autobus, je m'informe s'il y a un bus qui va à Livigno. Il en a un mais il ne transporte pas les vélos. Je demande pour un supplément si je peux mettre mon vélo dans la soute à bagage, et me voilà en route sur le prochain bus. 4€ pour le voyage et 5,50€ pour le vélo.

Le bus mettra près d'une heure pour faire la distance. La route passe par le Passo del Foscagno à plus de 2300 mètres et le Passo Eira à 2208 mètres. Sur la descente vers Livigno, la route passe près du Mottolino BikePark que je visiterai demain.



Le bus me dépose au sud de Livigno. J'ai donc arpenté Livigno en long (c'est vraiment construit en longueur) jusqu'au lac de Livigno où vous avez certainement vu un petit vidéo présenté au printemps dernier. 


Livigno est probablement la capitale du vélo en Italie. Je croise beaucoup de cyclistes sur route (il y a des cols pour tous les goûts) et des vététistes. Mottolina est certainement le BikePark le plus connu d'Italie.



Ce que je ne savais pas, c'est que mon hôtel est non seulement à plus de 2km du centre de Livigno, mais aussi à 100 mètres de dénivelé. Et ça monte. 


Arrivé vers 17h à l'hôtel, je m'installe, prend une douche et demande s'il y a un service de nettoyeur. Mes vêtements me seront remis demain à 8h. Le restaurant de l'hôtel n'étant pas trop inspirant, je descends en ville. Par chance il y a un service de bus gratuit dans tout Livigno. 


Ce que je ne savais pas, c'est qu'après 20h, il n'y a plus de bus. Je me suis donc taper le retour à pied. Arrivé à l'hôtel vers 22h, mon souper était déjà digéré, je suis donc redescendu souper à nouveau. Ben non, c'est une joke. 


Ah oui, quand je suis descendu souper, l'air était frais et supportable en short et polo (entre 16 ou 18 degrés) mais les autres touristes, eux portaient les duvets et doubles laines comme si on était en hiver. Ils sont frileux ici. 

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Mon hôtel. C'est le seul qui fait affaires avec SwissTrails à Livigno. Contrairement à celui à Val Mustair, celui à Livigno fait moins bonne figure. Très très ordinaire. Déjeuner minimaliste et pour faire du vélo toute la journée, ça prend plus qu'un mini croissant et un café (que je ne bois pas). État des chambres passable. Très vieux, pas le charme rustique, mais vieux comme jamais rénové. Puisque je serai sur mon vélo, on passe.


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